Les conséquences écologiques de la consommation de viande

La production mondiale de viande augmente

Production mondiale de viande :
1950: 44 mio. de tonnes
1990: 170 mio. de tonnes
1994: 194 mio. de tonnes
1997: 210 mio. de tonnes
1999: 217 mio. de tonnes
2002: 242 mio. de tonnes
2003: 253 mio. de tonnes
2004: 258 mio. de tonnes
2005: 267 mio. de tonnes
2009: 284 mio. de tonnes

Bien que la consommation de viande dans les pays industrialisés soit en diminution depuis plusieurs années, la consommation mondiale est, quant à elle, en augmentation.
En 2005, au niveau mondial, 267 millions de tonnes de viande ont été produites. Depuis 1970, la production de viande a plus que doublé.
L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) prévoit que la production mondiale de viande pourrait passer à env. 300 millions de tonnes d’ici à 2016.
En 2007, la Suisse a consommé, à elle seule, 465’000 tonnes de viande (sans compter le sang, les os, etc.). Il en résulte des conséquences écologiques importantes au niveau mondial qui n’ont malheureusement suscité que trop peu d’attention jusqu’à présent.

En 2007, la Suisse comptait env. 1,6 million de porcs et plus d’1,5 million de bovins. 252’800 veaux ont été abattus au cours de l’année.49.

graphique

graphique2

Sur une population mondiale de 6,478 milliards d’humains, on compte une consommation de viande par tête de 39,8 kg par an.Situation : décembre 2004

Gaspillage des sols

Pour produire un kilo de viande, il serait possible dans un même laps de temps et sur une même surface agricole de cultiver 200 kg de tomates ou 160 kg de pommes de terre. En Suisse, approximativement 67% des terres cultivables sont utilisées pour élever du bétail et pour cultiver des céréales destinées à sa nourriture. Ces chiffres correspondent à la moyenne mondiale.
Aux États-Unis, 230’000 km2 sont nécessaires à la production de fourrage pour les animaux de rente, alors qu’il ne faut que 16’000 km2 (=7%) pour produire des aliments végétaux. Le gaspillage considérable des sols pour la production de viande porte aussi préjudice à la forêt tropicale: en Amérique centrale, en quarante ans, 40% de la forêt tropicale totale a été défrichée ou brûlée, principalement pour faire place à des pâturages ou à la culture de fourrage pour animaux.
L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a constaté dans son étude publiée en 2006 que 70% du déboisement de la forêt amazonienne sont attribués à la pâture du bétail et qu’une grande partie des 30% restants est destinée à la confection de nourriture pour animaux. Dans cette même étude, la FAO a noté que 70% des terrains agricoles mondiaux sont dédiés à l’élevage du bétail. En 2004, L’UE a importé 1,5 million de tonnes de viande dont plus d’un tiers provenant du Brésil.

Avec la quantité d`eau necessaire pour produire 1kg de viande on pourrait se doucher quotidienne-ment pendant un an.

Consommation en eau

Les guerres du futur ne seront plus menées pour le pétrole mais pour l’eau. Un ménage moyen n’utilise pour sa boisson qu’entre 2 et 5 litres d’eau potable par jour et entre 100 et 500 litres à d’autres fins (douche, lessive, etc.). Ces chiffres sont négligeables comparés aux 2000 à 5000 litres d’eau nécessaires à la préparation des aliments d’une famille moyenne.

Dans la lutte contre la faim dans le monde, il n’est souvent question que des besoins alimentaires, alors que la quantité d’eau indispensable pour la production de ces aliments n’est pas prise en compte. Une conférence sur l’eau  s’est tenue à Stockholm, ayant pour objectif exclusif l’utilisation de l’eau par les humains. Des résultats intéressants y ont été mis au jour: si une famille utilise entre 2000 et 5000 litres d’eau par jour pour sa nourriture, cette quantité dépend largement de son type d’alimentation. En moyenne, par an et par personne, ce sont 1200 m3 consacrés à la production d’aliments. Dans les régions du monde les plus pauvres qui n’arrivent guère à produire de la viande, cette valeur est estimée à 600 m3 par an. Au contraire, dans les régions où la consommation de viande est le plus élevée (États-Unis, Europe), ce sont 1800 m3 par an et par personne qui sont nécessaires. Une comparaison directe souligne met une fois de plus l’accent sur l’impact de la consommation de viande. Pour une alimentation suffisante, composée de 80% d’aliments végétaux et de 20% de produits animaux (dans les pays industrialisés, la quantité de produits animaux est actuellement entre 30% et 35%), la quantité d’eau utilisée est actuellement de 1300 m3 par an, alors qu’avec une alimentation végétarienne cette quantité diminue de près de la moitié.


En raison de la consommation croissante de produits animaux, l’agriculture mondiale nécessite de plus en plus d’eaul. En Inde, dans de nombreuses régions, l’eau doit être pompée à une profondeur de plus de mille mètres. Il y a encore une génération, les paysans creusaient à la main pour atteindre des sources destinées à l’irrigation. Aujourd’hui, 95% des petites installations de pompage sont à sec. Il en va de même pour d’autres pays asiatiques.
Les populations les plus pauvres souffrent tout particulièrement en raison de l`énorme quantité d’eau nécessaire pour produire de la viande.


Weizenfeld_rgbGaspillage de nourriture

De plus en plus de céréales et légumineuses sont destinées à nourrir les animaux de boucherie.

7 à 16 kg de graines de soja sont nécessaires pour produire 1 kg de viande. Voilà bien la manière la plus efficace de gaspiller la nourriture! Cette extension artificielle de la chaîne alimentaire, due à la transformation de céréales en viande, entraîne une perte de 90% des protéines, 99% des hydrates de carbone et 100% des fibres.
En plus, seule une petite part du corps de l’animal abattu est utilisée à la production de la viande destinée à la consommation: 35% du poids d’un bovin adulte, 39% d’un veau (sans les os).

En Suisse, 66% des cultures sont destinées à la nourriture des animaux (en 2004). Aux États-Unis, cette proportion s’élève à 80% (pour nourrir 8 milliards d’animaux de boucherie). 90% du soja est utilisé pour nourrir le bétail au niveau mondial. A peu près un tiers des céréales produites dans le monde entier est destiné à nourrir les animaux productifs. Si les Américains consommaient 10% de viande en moins, la quantité de céréales économisée pourrait nourrir 1 milliard de personnes souffrant de la faim. Environ 1,6 mio. de tonnes de nourriture concentrée est distribuée au bétail en Suisse, des céréales pour la plupart.
La Suisse peut se permettre un tel gaspillage, ce qui n’est pas le cas des pays en voie de développement: la FAO rapporte qu’en 1981, 75% des céréales en provenance de ces pays ont été utilisées comme aliments pour les animaux productifs. En outre, pour ce qui est du bétail, les cultures indigènes sont également en compétition avec les cultures mondiales: en Égypte, durant les 25 dernières années, les cultures de maïs pour le fourrage ont remplacé en partie les cultures de blé et de millet qui constituent une nourriture de base pour les humains! Le pourcentage des cultures destinées à la nourriture animale a augmenté de 10% à 36%.
Le même phénomène s’est produit dans les autres pays où la consommation de viande avait augmenté.
Dans les années 1950 à Taïwan, 170 kg de céréales par habitant étaient nécessaires pour nourrir la population. En 1990, la consommation de viande et d’œufs a été multipliée par six. En conséquence, le besoin en céréales est passé à 390 kg à cause de l’extension de la chaîne alimentaire. Taïwan ne peut satisfaire cette demande croissante qu’en important des céréales, malgré une hausse des récoltes indigènes. Alors qu’en 1950 ce pays était exportateur de céréales, en 1990 il en importe 74% pour les besoins de nourriture du bétail.
La même situation est constatée dans les pays de l’ex-URSS: la consommation de viande a triplé depuis 1950 et avec ceci, la demande de céréales pour les animaux a quadruplé. En 1990, le bétail des pays de l’ex-URSS a consommé trois fois plus de céréales que les êtres humains. Les importations de céréales comme nourriture pour animaux sont passées de zéro en 1970 à 25 millions de tonnes en 1990. Les pays de l’ex-URSS sont devenus les deuxièmes importateurs mondiaux de céréales pour animaux.

Les émissions d`ammoniac resultant de l`agriculture sont dues pour 90% au purin et au fumier.

Le purin: une cause du dépérissement des forêts

Les dernières recherches scientifiques montrent clairement que les élevages massifs d’animaux de boucherie et la production de lait constituent une des principales causes de la mort des forêts. Le biologiste Dr Hans Mohr affirme dans «Spektrum der Wissenschaft» en janvier 1994: «Après dix ans de recherche sur les causes du dépérissement des forêts, il est apparu qu’un des facteurs responsables est la quantité excessive de nitrates, particulièrement d’ammonium, dans l’atmosphère. Il est donc prioritaire d’en réduire la quantité dans les activités agricoles. […] Un problème crucial, c’est effectivement le traitement des quantités croissantes d’excréments animaux et humains.»

Guelle

De nombreuses plaintes sont émises à propos de la puanteur émanant des matières fécales. Pourtant, les conséquences écologiques qu’entrainent ces matières sont encore bien plus graves.

Aux États-Unis, la pollution due aux éxcrements provenant des usines d`animaux est 130 fois plus élevée que celle provoquée par les humains.

De nos jours, les excréments humains sont traités pour la plupart dans des stations d’épuration. Par contre, les déjections animales sont toujours épandues sur les champs.
L’azote (N), disséminé sous forme d’ammoniac (NH3), responsable en grande partie du dépérissement des forêts, est causé pour deux tiers par les excréments du bétail.
L’azote, qui est le principal nutriment pour les prairies, les forêts et la vie aquatique, peut mener à une fertilisation excessive s’il est présent en excès. Ce phénomène a hélas été constaté trop tard. En effet, les forêts ont d’abord poussé plus rapidement avec le surplus d’azote, puis ont commencé à dépérir lorsque le sol en était saturé.
En 1992, le comité de recherche du gouvernement allemand chargé d’étudier la préservation du climat est parvenu aux mêmes conclusions. Sur le sujet des émissions d’ammoniac (NH3), il a publié un rapport intitulé: «Les changements climatiques menacent le développement national»:

«Les émissions de NH3 sont dues pour 90% à l’agriculture et pour 80% au bétail, et ce tant pour l’Allemagne que pour les pays de l’Europe de l’ouest et même globalement.
528000 tonnes d’ammoniac sont émises chaque année en Allemagne, on en trouve dans les élevages, sur les champs et dans le stock de fertilisants organiques. […] Les quantités d’ammonium et d’azote rejetées pourraient être réduites en diminuant le nombre d’animaux de boucherie, en changeant le mode d’alimentation, et en diminuant l’épandage de purin. […] Cela est souhaitable tant du point de vue écologique que du point de vue économique.»

«L’écosystème de la forêt est en déséquilibre et se trouve dans un stade critique. Sa stabilité est menacée.»
Propos de Richard Volz, du Département de l’entretien des forêts à l’OFEFP, recueillis dans le magazine «ENVIRONNEMENT» 2/2004: «La pollution atmosphérique qui acidifie nos forêts»

Les poussières fines dues à la détention des animaux

L’ammoniac contenu dans les excréments animaux n’a pas seulement des conséquences néfastes telles que les pluies acides. L’ammoniac génère aussi des émanations secondaires dans l’atmosphère, notamment sous forme de poussières fines (PM10) affectant la santé de l’humanité.
Le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) estime le taux de mortalité due à la quantité de poussières fines à 3700 personnes par an. En outre, les dépenses maladie dues à ce problème s’élèveraient à 4,2 milliards de francs par an. Malgré cette lourde charge, il n’est jamais question dans le cadre de la lutte contre les poussières fines du rôle joué par la détention des animaux. Pour preuve qu’il est difficile pour les hommes politiques d’aborder ce problème, on citera le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, lors de sa conférence de presse du 2 février 2006 alors qu’il était président de la Confédération sur le thème des poussières fines. A la question posée sur le rapport entre l’agriculture et les poussières fines, il s’est contenté de répondre: «Un sujet délicat.»

Pollution des eaux

L’ammoniac n’a pas seulement des conséquences néfastes sur les forêts et l’air, mais aussi sur l’eau. L’eutrophisation cause la prolifération excessive d’algues, qui à leur tour absorbent l’oxygène de l’eau. Les élevages intensifs d’animaux produisent de telles quantités de purin que la nappe phréatique en est sérieusement menacée. Un exemple: il faut 890’000 tonnes de nourriture pour «produire» la viande de porc destinée à la population suisse. Cet élevage entraîne la formation de 2,5 millions de m3 de purin. En Suisse, les lacs de Sempach et de Baldegg sont oxygénés artificiellement par d’énormes pompes, et dans de nombreuses régions agricoles du pays, la population ne peut plus boire l’eau provenant des nappes phréatiques en raison de son importante teneur en nitrates.
Environ 50% de la pollution des eaux en Europe est due aux élevages intensifs d’animaux. Les nitrates issus de l’agriculture ont pénétré le sol si profondément que certaines marques d’eaux minérales ne peuvent plus répondre aux normes de qualité exigées pour l’eau potable. Aux États-Unis, la pollution des eaux par le sectueur de l’agriculture est bien plus importante que celle due à l’ensemble des villes et des industries.

Excès d’acidification des sols

L’ammoniac et l’oxyde d’azote sont en grande partie responsables de l’acidification excessive des sols. Ce phénomène a pris une telle ampleur qu’aux Pays-Bas, en 1989 déjà, les autorités se sont préoccupées du problème. Voici les résultats de l’Institut néerlandais pour la santé et la protection de l’environnement:
«Les nitrates provenant du purin diffusent de l’ammoniac dans l’air et empoisonnent l’environnement. Ils causent les pluies acides et d’autres dépôts contenant des acides. En Hollande, la plupart des précipitations émanent des gaz d’ammonium provenant de l’ élevage bovin: elles causent plus de dommages au pays que les automobiles et les industries».
Même le sol des forêts ne recevant aucun traitement direct aux engrais contient 3 fois plus d’azote qu’il y a cinquante ans. Ceci également en raison de la pollution de la nappe phréatique.
L’Office fédéral de l’agriculture estime que 90% de l’ensemble des sols forestiers suisses présentent des taux critiques de dioxyde d’azote.

PachauriRajendra Pachauri, président du Conseil sur le climat de l’ONU: «Mangez moins de viande – sa production entraîne de très importantes émissions de CO2.»
La production d’un kg de viande de bœuf est aussi nocive pour le climat qu’un déplacement de 250 km en automobile.

Effet de serre

Jusqu’à présent, ce sont principalement le trafic automobile et l’industrie qui ont été rendus responsables de l’effet de serre. L’influence d’une agriculture basée sur l’élevage intensif a été négligée. Ernst U. von Weizsäcker, chef de l’Institut Wuppertal pour le climat, commente: «L’impact de l’élevage bovin sur l’effet de serre est le même que celui de la circulation automobile si l’on considère les effets de la déforestation pour la transformation en pâturages pour les bovins d’élevage. […] La transformation de savanes en déserts, l’érosion des montagnes, les besoins gigantesques en eau pour l’élevage bovin, ainsi que l’énorme quantité d’énergie nécessaire à l’engraissement des animaux sont les conséquences désastreuses de notre appétit de la viande!»

Il faudrait limiter la production de viande et de lait, notamment l’élevage bovin, extrêmement nocif pour le climat, afin de réduire de manière durable et à long terme les émissions de gaz à effet de serre de 60% à 80% en tout.

L’effet de serre est causé entre autres par trois gaz: le méthane, le dioxyde de carbone et l’oxyde d’azote. Tous les trois proviennent des méthodes d’élevage industriel du bétail. À eux seuls, les 1,3 milliards de bovins élevés dans le monde ne peuvent rien à ces émissions (dont sont indirectement responsables ceux qui mangent leur chair). 12% des émissions de méthane sont dues à ces 1,3 milliards de bovins élevés dans le monde entier.
L’élevage du bétail produit 115 millions de tonnes de gaz de méthane par an.
L’effet est d’autant plus désastreux que l’on sait qu’une molécule de méthane contribue 25 fois plus à l’effet de serre qu’une molécule de dioxyde de carbone.
C’est une première: en 2006, une organisation des Nations unies s’est penchée sur les conséquences écologiques de la production de viande. Ce document de plus de 400 pages en montre les conséquences désastreuses pour l’environnement à l’échelle de toute la planète:

  • L’élevage est aujourd’hui la cause principale de la destruction de la forêt en Amazonie.
  • La FAO s’attend à ce que la production mondiale de viande et de lait double au cours de la première moitié de ce siècle.
  • L’élevage contribue plus au réchauffement climatique que la circulation automobile à l’échelle mondiale.
  • L’élevage est responsable de 68% des émissions mondiales d’ammoniac qui favorisent les pluies acides.
  • Les animaux d’élevage consomment près de 8% de l’eau potable mondiale et comptent donc parmi les plus grands consommateurs d’eau. A titre de comparaison: la consommation humaine directe (eau potable, douches, industrie, etc.) est d’env. 1%.
  • 33% (= 471 millions d’hectares) des terres cultivées dans le monde entier sont destinés à la production de nourriture des animaux d’élevage.

Les associations de protection de l’environnement recommandent souvent de consommer des produits régionaux et issus de l’agriculture biologique pour réduire les effets nocifs de notre alimentation sur le climat. Cependant, la consommation de produits biologiques ne représente pas à elle seule une solution pour résoudre le problème climatique. Au sujet des mesures à la réduction des émissions nocives, des études réalisées par des scientifiques allemands ont montré que le fait de se nourrir de manière biologique ou conventionnelle a moins d’impact que le mode de vie végétarien ou carnivore des gens. Cet exemple apparaît encore plus éloquent si on le met en rapport avec le CO2 émis par les automobiles: une alimentation biologique ou conventionnelle privilégiant la viande, le lait et les œufs produit par an et par personne autant de gaz à effet de serre qu’un trajet automobile de 4377 kilomètres. En revanche, une alimentation végétalienne avec des produits biologiques totalise une distance de 281 kilomètres.
La conclusion est sans appel: moins nous consommons de produits animaux, plus nous agissons en faveur du climat.

Kuheuter_rgbLes quantités de lait exigées des vaches laitières impliquent la nécessité de leur donner des médicaments contre les inflammations des pis. Les résidus de ces médicaments se répandent ensuite dans l’environnement.

Antibiotiques et hormones

Outre les conséquences écologiques de la production de viande mentionnées ci-dessus, il y a un autre aspect considérable. A présent, en raison des méthodes employées dans l’ élevage industriel, des conditions artificielles de détention et un système d’alimentation inadaptés à leur espèce, les animaux de rente sont de plus en plus malades.

Aujourd’hui, dans beaucoup de pays, il est interdit de donner des antibiotiques à titre préventif à des animaux sains. Or, il reste autorisé de donner des antibiotiques aux animaux malades reste autorisé comme précédemment. La promiscuité actuelle dans les élevages des animaux de rente a mené à généraliser les traitements aux antibiotiques. Bien qu’en Suisse, les traitements d’antibiotiques à titre préventif soient interdits depuis 1999, une étude effectuée en 2004 a mis en évidence que 90% des veaux suisses étaient traités aux antibiotiques. Chez les vaches laitières également, l’emploi d’antibiotiques est très fréquent en raison de la sollicitation importante des pis des vaches laitières produisant de grandes quantités de lait et l’extrême fragilité de leurs mamelles, qui par conséquent souffrent fréquemment d’infections (mastites). C’est pourquoi, dans les produits animaux destinés à l’alimentation humaine, il y a eu des retards importants à la limitation des quantités d’antibiotiques. En avril 2005, une étude a été publiée par le Ministère allemand pour la protection des consommateurs, signalant pour la première fois la présence d’antibiotiques également dans les plantes alimentaires (céréales). Par les excréments des animaux traités aux antibiotiques, ces produits médicamenteux se sont disséminés dans l’écosystème. Bien que les valeurs mesurées soient en dessous du seuil de tolérance pour l’alimentation humaine, la permanence de telles petites quantités d’antibiotiques a entraîné une résistance à certaines bactéries, de manière à ce que les antibiotiques incriminés aient peu à peu perdu de leur utilité première. C’est aussi pourquoi des médicaments toujours plus forts ont été développés, qui à leur tour se répandent dans l’environnement et menacent sérieusement l’équilibre de l’écosystème. Tous les médicaments et hormones (par exemple aux États-Unis où ils sont largement utilisés afin d’augmenter le rendement de la production de lait et de viande), administrés aux animaux, finissent tôt ou tard dans la viande, le lait et les œufs; ensuite, les excréments se répandent à leur tour dans l’environnement et aggravent davantage la détérioration écologique. A long terme, les conséquences de ces pratiques ne sont pas encore évidentes et demeurent peu visibles.

Les poissons comme échappatoire ?

Le temps des petits bateaux de pêche est révolu il y a longtemps.
L’exploitation des océans a été multipliée par huit entre 1950 et 2005; en 2005, plus de 141 millions de tonnes d’animaux marin ont été pêchés. Nous consommons aujourd’hui quatre fois plus de poissons dans le monde entier qu’aux alentours des années 1950. Aujourd’hui, la pêche se fait au moyen de filets longs de plusieurs kilomètres pour répondre à cette demande excessive. Étant donné l’atteinte de l’existence des poissons due aux excès de la pêche, on a vu naître, au cours des dernières années, des fermes d’élevage. Et avec cela sont apparus les mêmes problèmes écologiques tels que décrits plus haut pour d’autres espèces. On peut citer l’exemple suivant: un saumon d’élevage d’environ 4 kg ingurgite près de 400 g d’antibiotiques jusqu’au moment de son abattage. Sa vie durant, on lui inoculé des médicaments contre les maladies, résultat de l’exiguïté des réservoirs et de la promiscuité régnant dans ces fermes. Le danger de contaminer les autres poissons est inévitable. Les antibiotiques et autres médicaments et produits chimiques étant directement administrés dans l’eau des fermes, ces produits pénètrent rapidement dans l’écosystème. Les saumons sauvages se reproduisent normalement plusieurs kilomètres en amont de leur habitat habituel. La détention des saumons dans les fermes d’élevage est si différente de leur vie naturelle que leur chair a perdu sa couleur rose (telle que les consommateurs la connaissaient). Pour y remédier, les éleveurs ont cru bon de leur administrer en supplément des colorants artificiels. Pire encore, les maladies touchant les poissons d’élevage se sont aussi transmises à leurs congénères en liberté et ont contribué à menacer l’existence même des poissons sauvages.

D14306Même la viande des animaux marins ne présente aucune sécurité pour la consommation des humains.

La nourriture pour poissons d’élevage provient elle-même de la mer. Pour obtenir un kilo de poissons d’élevage, il faut deux kilos de poissons de mer. Il en va de même pour les soi-disants «fruits de mer», comme les crabes, les crevettes etc. A part ce gaspillage, l’existence des poissons de mer est encore plus menacée par la pêche de poissons servant à la préparation de farines fourragères destinées aux animaux de boucherie. En Europe, au cours des dernières années, on constate une augmentation progressive de la consommation de différentes crevettes et de crustacés. Cette pratique a conduit nombre d’exploitations à s’installer au bord de la mer, là où il y avait auparavant d’importantes forêts de mangroves. Les forêts de mangroves ont une fonction écologique de la plus haute importance: Elles amortissent les raz-de-marée et atténuent leur violence. Le tsunami de 2004 en Asie a causé d’énormes ravages, car auparavant les forêts protectrices de mangroves avaient été détruites pour faire place aux fermes d’élevage. Un exemple: à l’origine, il y avait aux Philippines plus de 500’000 hectares de forêts de mangroves. Maintenant, il n’y en a plus que 36’000 hectares. Le reste (environ 93%) a été converti en exploitations de crabes pour le commerce mondial. En plus des excès de la pêche en mer, les techniques de pêche sont devenues de plus en plus dures. Afin de pouvoir attraper les derniers poissons, on utilise une nouvelle technique de pêche par charge explosive, endommageant les récifs de corail tout comme le font les énormes filets dérivants déployés en mer. Outre les nombreuses autres répercussions écologiques, la détérioration des récifs de corail empêche ceux-ci d’atténuer les effets des vagues géantes.

L’économie

Comment est-ce possible que la consommation de viande ne cesse d’augmente au niveau mondial, en dépit des conséquences dramatiques d’une alimentation basée sur les produits animaux? Hormis quelques raisons d’ordre psychologique et social largement dues aux effets de la publicité (par exemple: la viande donne de la force etc.), il y a un autre facteur qu’il ne faut pas sous-estimer: l’argent.
A première vue, il paraît insensé que dans des conditions normales, un secteur de l’économie provoquant la destruction d’aliments et de ressources ne se soit pas déjà écroulé. Depuis longtemps déjà, les coûts de l’industrie mondiale de la viande ne sont plus en rapport avec ses bénéfices.

Des coûts reportés sur les contribuables

Une des raisons pour lesquelles l’industrie de viande se maintient, c’est que si les revenus de ce commerce sont profitables à certains particuliers, les coûts en sont par contre reportés sur le public (donc sur les contribuables). Ce phénomène est bien connu pour d’autres branches de l’économie, par exemple l’industrie automobile. Selon les estimations du réputé Institut Worldwatch de Washington, le prix de la viande devrait avoir doublé ou triplé si on prenait en considération les coûts incluant l’utilisation de l’énergie fossile, de l’eau de source, la pollution chimique du sol et l’émission de gaz tels que l’ammoniac et le méthane. Ceci sans prendre en compte les dépenses maladies causées par la consommation de produits animaux.

Une folie subventionnée

Bien que la plus grande partie des coûts de production de viande soit imputée au public (c’est-à-dire aux contribuables), il n’y a toujours pas assez d’argent pour rentabiliser la production de viande du point de vue économique. Par conséquent, on accorde des subventions afin de rendre plus attrayante la production de viande.
16% de l’ensemble des biens et des services produits (la valeur de production) aux Etats-Unis font l’objet de subventions. En UE, 32% de l’ensemble des recettes agricoles dépendent de subventions directes ou indirectes. Ce chiffre est de 68% en Suisse. Il s’agit d’un des taux les plus importants du monde! Seuls ces versements complémentaires «justifient» le maintien de l’élevage animal. L’industrie de la viande n’est pas seulement soutenue au niveau national, mais également international: entre 1963 et 1985, la Banque Mondiale a investi 1,5 milliard de dollars dans l’industrie de viande en Amérique latine, en grande partie pour financer les énormes élevages bovins.

Sources : http://www.vegetarismus.ch/info/foeko.htm